Pétition en
français
Interpellation de la conseillère
nationale Pascale Bruderer
Un site web de la France consacré
au MCS avec des textes informatifs:
http://www.mcs-sos.ch/18301/18322.html
http://perso.wanadoo.fr/la.maison.empoisonnee/pollution.sante.ashford.mc.htm
http://perso.wanadoo.fr/la.maison.empoisonnee/pollution.sante.bienvenue.htm
SANTÉ
| Troubles de la santé provoqués par les produits chimiques
Les
MCS, ces maladies qui tuent à petit feu
En Suisse, des
milliers de personnes souffrent de MCS. Ces graves troubles de la santé
sont provoqués par des produits chimiques mais ils ne sont toutefois
pas reconnus comme des maladies par le corps médical.
Philippe Oudot /
Journal du Jura
Solvants, pesticides,
composés organiques volatils, formaldéhydes, PCB, parfums, phtalates
etc.: autant de produits chimiques qui envahissent notre quotidien et
empoisonnent la vie de milliers de personnes en Suisse. Ils sont à
l'origine de graves troubles de la santé dont les symptômes sont aussi
divers que fatigues chroniques, maux de tête, douleurs dans tout le
corps, vertiges, problèmes respiratoires ou de peau.
Chez les personnes
particulièrement sensibles, ou celles dont les défenses immunitaires
sont affaiblies, ces différents poisons peuvent affecter tous les
organes. Le problème, c'est que ces maladies, appelées MCS (Multiple
Chemical Sensitivity), ne sont pas formellement reconnues en Suisse par
le corps médical et par les assurances (voir «Il n'y a pas de preuve
scientifique»).
En raison de cette
non-reconnaissance de leur maladie, les personnes touchées ne sont pas
prises au sérieux. Les médecins les considèrent au mieux comme des
malades souffrant de troubles psychiques ou psychosomatiques, au pire,
comme des affabulateurs! Avec d'autres victimes, Christian Schifferle,
fondateur de la Ligue MCS Suisse, se bat depuis de longues années pour
que ces maladies environnementales soient enfin reconnues et pour que
des normes plus strictes soient imposées avant de mettre sur le marché
de nouveaux produits chimiques.
Construire bio
L'objectif de la
ligue est donc de faire reconnaître les MCS comme des maladies à part
entière, aussi bien par la médecine que par les assurances sociales,
et de créer une fondation pour venir en aide aux victimes. Il s'agit de
permettre à ces gens de vivre dans un environnement «propre», c'est-à-dire
exempt - autant que possible - de produits chimiques. En effet, souligne
Christian Schifferle, les agressions toxiques sont si insupportables que
nombre de malades MCS finissent par perdre leur emploi, se retrouvent à
l'assurance invalidité et ne parviennent plus à vivre dans un
appartement. L'idéal serait de construire des logements bio, mais ça
coûte cher, et avec les prestations de l'AI, ces personnes n'en ont pas
les moyens. Agé d'une cinquantaine d'années, Christian Schifferle a
lui-même dû quitter son appartement et vit depuis sept ans dans une
caravane. Il constate que si la maladie était reconnue, les assurances
pourraient au moins prendre en charge certains coûts. «Par exemple le
filtre à air dont j'ai besoin pour vivre et que j'ai par exemple dû
payer de ma poche. Soit une dépense de 2000 fr...»
Des milliers en
Suisse
Les MCS étant ignorées
en Suisse, il n'existe pas de données fiables quant au nombre de
malades. Mais en extrapolant les données médicales recensées aux
Etats-Unis où ces maladies sont reconnues depuis belle lurette, la
Ligue MCS Suisse évalue à près de 6000 le nombre de personnes touchées
en Suisse. Et si le sujet y est quasi tabou, c'est sans doute en raison
de la toute-puissance de l'industrie chimique qui dispose de nombreux
lobbyistes et de moyens financiers pour étouffer leurs plaintes,
affirment les victimes. Même l'OFSP serait sous l'influence du lobby de
la chimie et n'oserait pas intervenir. C'est que la reconnaissance de
ces maladies aurait, pour elle, de lourdes conséquences: elle entraînerait
l'abaissement de valeurs limites tolérées, et conduirait à
l'interdiction de nombreux produits d'usage commun.
Destruction des défenses
immunitaires et mutations génétiques
En Suisse, les médecins
qui prennent au sérieux les MCS ne sont pas légion. Une situation que
dénonce Nathalie Calame, médecin généraliste à Colombier, qui
affirme que c'est un vrai problème de santé publique. «En médecine,
on ne reconnaît que ce qu'on connaît, et inversement... Or, ces
aspects ne sont pas abordés pendant les études», déplore-t-elle.
Conséquence: nombre de maladies passent entre les mailles du filet. En
particulier celles provoquées par des polluants de plus en plus
nombreux. Elle n'hésite pas à dire que près de 70% des maladies
actuelles sont liées, de près ou de loin, à cet environnement toxique.
Cette ignorance a de
lourdes conséquences: les symptômes de leurs patients n'entrant pas
dans le schéma traditionnel des pathologies, bien des médecins sont
incapables de poser un diagnostic correct. Beaucoup se contentent de
prescrire des antidépresseurs... Et Nathalie Calame de dénoncer cette
dérive du corps médical, qui se contente trop souvent de chercher une
réponse médicamenteuse à toute situation. «On s'attaque aux symptômes,
au lieu de s'intéresser aux causes du mal, sans chercher plus loin.»
Elle s'en prend aussi
à ceux qui nient le lien de cause à effet entre produits chimiques et
pathologies chroniques et auto-immunitaires, faute de preuve
scientifique irréfutable. Elle rétorque que l'être humain n'est pas
un ordinateur et que chacun réagit de manière différente aux
agressions externes en fonction de ses défenses immunitaires. Et de
rappeler le rôle fondamental de certaines enzymes, qui permettent au
corps de se détoxifier. Le problème, c'est qu'en raison de cet
environnement toxique, de plus en plus de personnes ont des carences au
niveau de ces enzymes.
C'est aussi l'analyse
de Lise Marleau. Naturopathe établie à La Neuveville, cette Québécoise
s'en prend à l'obscurantisme de ces médecins qui n'offrent aux
victimes de MCS que des antidépresseurs. Or, leurs troubles de santé
ont pour origine un système immunitaire déficient et souvent des
mutations génétiques au sein de leur système de détoxication
interne, entre autres le mécanisme du glutathion. «On peut détecter
les mécanismes individuels de la maladie en faisant différentes
analyses, dont des tests de stimulation des lymphocytes, des analyses génétiques
de ce système de détoxication ou en recherchant une candidose
chronique.» Agressé par les produits chimiques et métaux lourds, le
corps n'arrive plus à se défendre.
Mais ce n'est pas
tout: ces attaques chimiques constantes, liées à un mode de vie
alimentaire moderne et un stress global accru, ont tendance à modifier
le pH du corps, augmentant son degré d'acidité. Ce déséquilibre
permet à divers champignons microscopiques de proliférer. Le principal
d'entre eux, dénommé candida albicans, peut se développer et sécréter
des toxines, empoisonnant peu à peu l'organisme, donnant des symptômes
souvent similaires aux MCS. Très peu de laboratoires sont en mesure de
détecter cette pathologie efficacement, le test de selles n'étant pas
concluant.
Une autre problématique
importante est la présence et le type de mutations des enzymes de détoxication
très souvent détectés chez les patients porteurs de MCS. Beaucoup de
praticiens ne connaissent même pas l'existence de ces tests ou de ces
enzymes.
Pour Lise Marleau, il
faut donc redonner à l'organisme la capacité de se défendre face à
ces agressions pour recouvrer, au moins partiellement, la santé. Et
quand on sait que, de toute l'histoire de l'humanité, l'homme n'a
jamais été exposé à un environnement aussi toxique, elle estime
qu'il est temps de prendre cette problématique au sérieux, car on est
en train de mettre à mal le patrimoine génétique des générations à
venir.
Mais aujourd'hui,
personne ne veut empoigner le problème, de peur de voir les coûts de
la santé exploser en raison des traitements de détoxication. C'est
donc un problème de santé publique, mais aussi un problème économique,
car il en coûterait à brève échéance des fortunes pour développer
des alternatives. Mais à moyen terme, cela réduirait considérablement
les coûts de la santé...
Campagneeuropéenne
Le Parlement européen
doit se prononcer dans quelques mois sur un projet de loi appelé Reach
(Research, Evaluation and Authorisation of Chemicals) qui vise à
contraindre les entreprises qui fabriquent des produits chimiques à évaluer
les risques sanitaires et environnementaux en vue de l'élimination
progressive des produits à risque. Dans cette perspective, le
WWF-Europe a lancé une campagne intitulée Detox. Elle a démarré en
2003, avec des tests sanguins pratiqués sur 39 députés européens
chez qui une moyenne de 76 produits chimiques a été dépistée. Au
cours d'une deuxième phase, l'an dernier, 14 ministres de l'Union européenne
se sont encore prêtés au jeu, et le WWF a retrouvé dans leur sang 55
produits chimiques toxiques. Dont plusieurs interdits en Europe depuis
de nombreuses années mais qui, à l'évidence, sont toujours utilisés,
constate Karl Wagner, directeur de la campagne Detox au WWF. Une
situation d'autant plus inquiétante que diverses études laissent à
penser que ces produits sont à l'origine de nombreux troubles de la
santé: MCS, cancers, anomalies du développement chez l'enfant, etc.
Le troisième volet
de la campagne Detox, actuellement en cours, vise à recruter des
familles comprenant trois générations (grand-mère, mère, et un
enfant d'au moins dix ans). L'objectif est de déterminer la présence
de produits toxiques dans le sang de ces familles et de voir s'il y a
transmission de la mère à l'enfant. L'opération est organisée dans
13 pays d'Europe par les WWF nationaux. Le WWF Suisse n'y participe pas,
précise Karl Wagner, d'une part parce que le projet concerne l'Union
européenne et d'autre part, parce que le WWF Suisse n'a jamais travaillé
sur ce thème.
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